Favoriser la croissance .
Dominique Brown a fondé, à seulement 21 ans, le studio de jeux vidéo Beenox, devenu le plus important à Québec. Depuis 2012, il est aux commandes de Chocolats Favoris, une entreprise jadis artisanale qu’il a transformée avec brio, étendue avec succès, et qu’il est en train d’élever au rang de fleuron québécois.
« Je me considère comme plutôt lâche, affirme pourtant Dominique. Je fais quelque chose quand je suis forcé ou quand ça me tente vraiment ! » Rencontrez donc l’entrepreneur « paresseux » le plus déterminé et proactif au monde
Q. Dominique, tu as fait ta marque dans les jeux vidéo pendant une dizaine d’années. Te voilà leader dans l’industrie du chocolat! Comment passe-t-on de gamer à chocolatier ?
R. Par hasard, en fait ! En 2011, j’ai acheté la Chocolaterie de l’Île d’Orléans parce que j’en étais un client et que j’avais entendu dire qu’elle était à vendre. Au départ, ça devait juste être un projet le fun, qui me permettrait de m’amuser dans un secteur qui m’avait toujours fasciné : le détail. Sauf qu’à la fin de l’été, j’ai eu envie de partir à la conquête du monde !
Q. Puis, deuxième étape de ta conquête mondiale, tu as décidé de réinventer la compagnie. De réinventer, en quelque sorte, la chocolaterie ! Comment ?
R. En arrivant chez Chocolats Favoris, j’ai mis en place trois chantiers : on a refait l’image de marque, revu le concept des magasins et bonifié l’offre de produits. Tout ça dans la première année ! Ça a donné le logo et les emballages actuels, une expérience en magasin totalement renouvelée et les 12 enrobages et fondues au chocolat en conserve que vous connaissez.
Q. Dans ce processus, tu t’es beaucoup appuyé sur des collaborateurs. Quel rôle jouent-ils pour toi ?
R. Chez Chocolats Favoris, je me suis entouré de personnes plus hot que moi, capables de me tirer vers le haut et de m’emmener plus loin. Je suis allé chercher des gens qui savent ce que je ne sais pas, et qui savent aussi ce que je ne sais pas que je ne sais pas ! J’ai mis sur pied un conseil d’administration, même si ce n’était pas nécessaire. C’est l’une des meilleures décisions d’affaires que j’ai prises.
Quant aux entreprises avec lesquelles on travaille, je ne les choisis pas selon leurs compétences techniques, mais en fonction de leur compréhension de nos enjeux.
Je veux des partenaires qui, lorsque je pointe quelque chose, ne regardent pas mon doigt, mais regardent plutôt dans la direction où je pointe et sont aussi motivés que moi à s’y rendre. C’est quelque chose que j’ai vécu particulièrement fortement avec Mirego quand on a développé la plateforme de fidélisation ChocoFan.
Q. À une ère où plusieurs détaillants ferment des succursales, Chocolats Favoris en a ouvert une vingtaine au Québec et déjà quelques-unes dans le reste du Canada. Allez-vous à contre-courant ?
R. D’abord, il faut dire que Chocolats Favoris est un concept particulier, hybride, à mi-chemin entre un commerce de détail et un commerce de restauration. On a aussi l’avantage d’offrir à nos consommateurs un produit unique dont on est le manufacturier. Je crois que les détaillants qui souffrent le plus sont ceux qui vendent un produit dont ils n’ont pas l’exclusivité, qui se retrouve partout ailleurs.
Selon moi, cette tranche d’intermédiaires pourrait mourir. Mais je ne fais pas partie des gens qui croient que les magasins physiques vont finir par disparaître. Au contraire ! Aujourd’hui, on voit par exemple des Frank and Oak ouvrir des points de vente. Ce que j’anticipe, ce sont davantage de petits magasins, mais avec un penchant pour le numérique.
Favoriser la croissance .
" Viser le plus haut possible pour accomplir le plus possible. "
Q. Un chose est claire, tu vises haut et tu ne crains pas de le dire fort...
R. La croissance, c’est une manière de me donner des défis constamment, de me prouver continuellement. Inconsciemment, il y a une partie de moi qui veut frapper son mur ! Je ne l’ai pas encore frappé et je me demande : « Où se situe-t-il ? » Alors je me donne des objectifs de fou en me disant que je ne les atteindrai pas.
Mais le pire qui peut arriver, c’est que j’aurai essayé ! Et je serai arrivé pas trop loin...